exposition

Le 31/05/2022

Le parc du Héron accueille l’exposition photographique de Frédéric Bellay sur la chaîne des Lacs

Une soixantaine de photos d’arbres, de branches, de détails, d’eaux, de nature et bien plus encore. C’est ce que nous offre à voir le photographe Frédéric Bellay qui expose au parc du Héron.

Le titre de l’exposition est intrigant et peut amener le public à se demander s’il n’y a pas d’erreurs « Mais où sont vos montagnes et vers où coulent vos fleuves ? » est une exposition photographique qui mérite le détour.
À l’invitation de la Galerie Destin sensible , de Lille3000 et d’Entrelacs, le photographe Frédéric Bellay a imaginé un projet à partir de la chaine des lacs de Villeneuve d’Ascq. Cette exposition fait partie d’une série de résidences photographiques hors-les-murs, installée au parc du Héron du 4 juin au 10 juillet. Ce projet est coorganisé par l’Institut pour la photographie (IPP) et Lille 3000 dans le cadre d’Utopia. Il met en valeur la nature en interaction avec le quotidien des métropolitains.


La thématique de l’eau, comme point de départ du projet

Les dérèglements climatiques actuels placent l’eau au cœur des richesses vitales de nos sociétés. L’eau détermine aussi et surtout le paysage naturel, social et économique des Hauts-de France, depuis ses côtes maritimes jusqu’aux axes fluviaux qui traversent son territoire. Cette ressource naturelle donne ainsi lieu à différentes expérimentations poétiques, réflexives et pour le moins sensibles. C’est à ce moment qu’intervient le regard du photographe Frédéric Bellay.


L’imaginaire de Frédéric Bellay est vaste et invite à la poésie

Ne demandez pas à Frédéric Bellay en quoi consiste son travail, vous le chagrineriez. Il n’aime pas ce terme qu’il identifie à un « rouleau compresseur » me confie-t-il, en souriant entre deux explications. « Je préfère parler de responsabilité sociale. Chaque individu devrait avoir une responsabilité par rapport au lieu où il vit.  J’ai besoin de me confronter aux choses et à la réalité. Victor Hugo a écrit « la nature parle et personne ne l’écoute. Moi j’ai voulu l’écouter à ma manière ».

Pour réaliser ces photos, Frédéric Bellay a passé près d’une dizaine de jours et de nuit sur cette chaîne des lacs pour mieux la comprendre et la montrer au public.
Il a pris le temps nécessaire et le soin de ressentir les choses. Il a parcouru les lieux, à pied, à vélo, les a hanté, de jour et de nuit, en se laissant guider par ses émotions : « J’y ai traqué la vie animale tout autant que la vie diffuse urbaine. Ni l’une ni l’autre ne s’arrête jamais. » Grâce à ces clichés, il essaie d’en porter la parole vivante.

Un travail minutieux qui fait appel à un imaginaire pas si irréel : « Tout est une pure création. La chaine des lacs a été créée artificiellement pour répondre à un besoin. S’il y a un lac, c’est qu’il y a une vie, de l’eau, une source sauf que la chaine des lacs est artificielle. Mais c’est un lieu animé. Le parc du Héron est fréquenté par beaucoup de gens, surtout la nuit, entre ceux qui font du footing, s’y promènent…. Je suis allé plus loin que ce que ce lieu m’offre et j’ai ressenti beaucoup d’émotion lors de mes prises de vue. »
Autour de ce mystère, Frédéric Bellay a analysé son projet. Il a cherché à explorer le miracle de notre plat pays, où l’eau ne coule pas d’une montagne vers la mer.

Photo jour
Photo de jour composée

2000 clichés de jour et de nuit

Au cours de notre rencontre, Frédéric Bellay montre ses photos. Tout en me laissant réagir à ce que je vois. Je lui demande s’il a un message à faire passer à travers ces clichés. Il réfléchit un instant et glisse : « Le public sera libre de ressentir quelque chose ou pas. L’essentiel pour moi est d’aller chercher dans le monde, une autre facette. Le monde nous est tellement présenté comme une problématique. On ne peut pas mobiliser avec le négatif. Je suis persuadé que l’on ne mobilise qu’avec la douceur et la beauté. »

Près de 2000 photos, à la fois mystérieuses et réelles, qu’il a fallu trier. « J’ai fait le choix d’éliminer les paysages … et de garder celles qui permettent d’arriver à la perception d’une intimité ». Sur toutes les images réalisées, au final une soixantaine seront exposées dans un parcours depuis le musée du LAM, via les passerelles dans le bois, au sol, dans les arbres, jusqu’aux grilles arrières du musée.

Pour aborder la nuit, Frédéric Bellay a utilisé la photographie infra-rouge et, pour restituer au mieux les lumières de ce qui vit là en plein jour, un appareil numérique haute définition.
L’entretien se termine et Frédéric Bellay recherche dans son petit carnet sur lequel il dessine, note des citations qui l’ont touché pendant ce projet :
« Dans la nature, il y a aussi des abécédaires, les branches tombées, des cailloux dispersés et des fougères » Tiphaine Samoyault.